Déborah Schwarz

Je suis née dans le Nord-Est, il y a de cela vingt-sept ans. J'ai été tellement réussie ou tellement ratée (c'est au choix) que mes parents n'ont pas cru bon de renouveler l'expérience. Dans mon sac, j'ai toujours eu un livre et un ballon. Autant dire, un euro et un rêve. Dans ma famille, on parle peu de ce qui compte vraiment. Alors l'écrire, vous pensez bien qu'on ne s'y risquerait jamais. C'est aussi pour eux que je couche des mots sur papier ou sur clavier. Pour qu'ils sachent que je sais ce qu'ils taisent et que je comprends même l'incompréhensible ou l'indicible. J'ai passé deux décennies à attendre, à observer, à vivre en retrait car le peu que j'avais vu du monde m'avait dissuadée d'en faire partie. Et puis le voile de solitude s'est fissuré. Elle avait profondément confiance en la vie. Elle ne m'a pas donné les clés pour éprouver cette même confiance. Elle m'a appris à confectionner mon propre trousseau pour ne plus redouter la porte, ni ce qu'il y a derrière, et pour enfin accepter d'ouvrir toutes les fenêtres pour que la vie puisse entrer et imprégner les meubles et les habitants d'une acceptation totale du meilleur comme du pire. Mieux, elle m'a aidée à comprendre qu'il n'y avait pas de meilleur ou de pire. Juste des évènements. Et nous... Nous d'abord.